23 Octobre 2019
Dakar
(CICR) – Cette année, le nombre de personnes chassées de leur foyer par
la violence atteint des records au Burkina Faso, tandis qu’il y a dix
ans, des États membres de l’Union africaine se dotaient d’un cadre
juridiquement contraignant pour protéger et secourir les personnes
déplacées à l’intérieur de leur propre pays, devenant les premiers pays
au monde à adopter un tel instrument.
L’augmentation
du nombre de déplacements dans cette nation du Sahel occidental nous
rappelle pourquoi un tel cadre est indispensable.
Cette
année, le nombre de personnes déplacées a augmenté de 507 % au Burkina
Faso. À la mi-octobre, près d’un demi-million de personnes étaient
déplacées à l’intérieur du pays, selon les chiffres de l’ONU, soit
environ 80 000 personnes de plus qu’au début de l’année.
« Les
personnes déplacées comptent parmi les plus vulnérables. Les familles
vivent souvent dans des communautés d’accueil, qui manquent parfois
cruellement de ressources. Les personnes déplacées peuvent passer
inaperçues dans ces environnements, et les organisations humanitaires
ont parfois du mal à entrer en contact avec elles », explique Patrick
Youssef, directeur régional adjoint du CICR pour l’Afrique.
Le
Comité international de la Croix-Rouge (CICR) demande aux États de
prendre des mesures plus concrètes pour améliorer le sort des personnes
déplacées en Afrique en ratifiant et en mettant en œuvre la Convention
de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux déplacés
internes en Afrique, connue sous le nom de « Convention de Kampala ».
« L’Afrique
a établi la norme en se dotant du premier cadre juridique au monde
destiné à aider et à protéger les personnes déracinées à cause d’un
conflit, d’une autre situation de violence ou d’une catastrophe
naturelle. Il est important que les pays ratifient la Convention et
prennent des dispositions concrètes pour améliorer le bien-être des
personnes déplacées », indique Patrick Youssef.
Au
cours du premier semestre de 2019, l’Afrique subsaharienne a enregistré
quelque 7,4 millions de nouveaux déplacements dus aux conflits et à la
violence, et 2,6 millions en lien avec les catastrophes naturelles, en
2018 selon les chiffres communiqués par l’Observatoire des situations de
déplacement interne.
La
Convention de Kampala a été adoptée le 23 octobre 2009 et est entrée en
vigueur en 2012. Elle représente toujours un grand pas en avant pour
réaffirmer les obligations incombant aux États de prévenir les
déplacements internes et d’apporter une protection et une assistance aux
personnes déplacées.
Au total, 28 des 55 États membres de l’Union africaine ont ratifié le traité, et 40 l’ont signé.
De
nombreux États ont adopté des lois et des politiques nationales visant à
mettre en œuvre ses dispositions ou sont en passe de le faire.
Plusieurs États ont créé des instances gouvernementales pour coordonner
les secours d’urgence et pris des initiatives concrètes qui ont amélioré
les conditions de vie des personnes déplacées au sein des communautés.
« En dépit des progrès réalisés, il faudra déployer davantage d’efforts
pour que les aspirations de la Convention de Kampala deviennent
réalité », conclut Patrick Youssef.
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